Larmes pour 15 enfants suicidaires indigènes, tronc d'abre, plastiques, verres, liquide transparent, musique traditionelle Guarani, Sablé s/ Sarthe, 2009
"L’ installation « Larmes pour 15 enfants suicidaires indigènes » a été
créée suite à un article que j’ai reçu par le CIMI (Conselho Indigenista Missionário)[1] en novembre 2007, consacré à la situation
du peuple Guarani-Kaiowá au Mato Grosso do Sul, région centre
ouest du Brésil. Cet article expliquait que de janvier à octobre,
trente cinq indigènes avaient été assassinés. Douze
d’entre eux avaient entre quatorze et vingt ans. Une ancêtre de cent sept ans ;
un homme âgé de soixante dix-sept ans faisaient partie de ces victimes.
La violence contre ce peuple résulte du manque de reconnaissance de leur
territoire et de leur absence d’avenir. Des enfants âgés de huit
et douze ans ont subi des tentatives d’assassinat. Vingt personnes se sont suicidées
dont quinze âgés de treize à dix-huit ans. L’article expliquait
que ce nombre de suicides augmente chaque année. Dans le village indigène
de Dourados, selon la FUNASA[2], organisme gouvernemental responsable de la santé,
il existait trois cent vingt deux enfants, de zéro à cinq ans
qui soufraient de malnutrition. Ces statistiques ont été mon point
de départ pour créer un travail qui pourrait dénoncer cette
situation et ainsi provoquer la réaction du public.
Ce dispositif a été
constitué d’un tronc d’arbre sec, cinq connecteurs avec trois sorties
chacun, quinze tuyaux en plastique transparent, quinze coupelles remplies de
liquide transparent. Les tuyaux ont été raccordés aux connecteurs
pour donner l’impression que l’arbre a été épuisé
et est devenu sec suite à une vidange.
Cette métaphore envisageait
de montrer la fragilité de la nature mourante représentée
par le tronc. Les quinze coupelles sont remplies de liquide symbolisant des
larmes. Les formes des coupelles nous rappellent les yeux humains qui, dans
ce cas, pleurent. Ces « larmes » symbolisent mes propres
larmes versées durant la lecture de cet article. Plus qu’un hommage à
ces victimes, j’ai partagé mon indignation avec
le public".
[1] Conseil Indigéniste Missionnaire, (trad. d’auteur).
[2] FUNASA : Fundação Nacional da Saúde (Fondation National
de la Santé, trad. d’auteur).