LES PEAUX SACREES

Cláudia Camposs, en tant que Brésilienne, pense avoir une responsabilité envers les peuples indigènes de son pays. Elle conduit donc, avec une association qu’elle a fondée, des actions au bénéfice de certains de ces peuples, notamment dans les Etats de São Paulo et de Bahia. Mais, elle soutient aussi cette cause dans ses travaux de plasticienne; d’où la thématique indigène dont traitent les œuvres présentées dans cette exposition, que ce soit sous formes de portraits peints, de tableaux de techniques mixtes, d’applications et d’incrustations diverses sur écorces, de reliquaires intégrants plusieurs techniques.

Quelques œuvres de Cláudia Camposs, totalement figuratives, sont susceptibles de donner l’illusion de pouvoir lire d’emblée l’essentiel de leur thème. Mais, la plupart des œuvres de cette artisteétonnent; elles retiennent d’abord par leur étrangeté; elles déstabilisent l’esprit du spectateur prisonnier des habitudes perceptives ; par leur formes, par leurs matériaux, par leur espace plastique, par leur modes de composition, des œuvres ne se livrent que fragmentairement ; leur appréhension ne peut être que progressive ; il faut savoir les approcher patiemment pour en reconnaître les  composants essentiels et leurs relations.

Que par ses œuvres, Cláudia Camposs veuillent interpeller celles et ceux qui les approchent, c’est évident, mais sans grandiloquence, sans heurter leurs consciences. Elles cherche à  mettre en mouvement leur imaginaire, à solliciter leur curiosité par des signes, des formes, des matériaux ; alors la sensibilité, de chacune ou de chacun, pourra s’accorder a la matérialité des œuvres et y décrypter assez d’intentions de l’artiste pour entendre le message des peuples indigènes.

La plupart des œuvres de Cláudia Camposs ne sont pas démonstratives ; par le choix de matériaux naturels – écorces d’arbres, peintures, etc – par les incrustations d’images et de matériaux qui font signes, et par les traitements de mise en forme, ces œuvres déclinent dans leurs matières, dans leurs rythmes, dans leurs textures, dans leurs couleurs, des métaphores de la peau. Peaux révélatrices de l’infinie diversité du monde vivant ; peaux frontières et points de contact ; peaux, moyens de perception et d’expression, etc. Peaux périssables comme le vivant, quelles que soient leurs consistances et leurs étendues. Et peaux sacrées, finalement, pour nous faire prendre conscience de la fragilité intrinsèque du monde que l’humanité moderne a cru pouvoir dominer sans retenue et a son seul profit. C’est alors que, pour ainsi dire peaux contre peaux, nous pouvons deviner la leçon des peuples indigènes.

                                                                                                                            Gilbert Luigi, texte pour de présentation de l'exposition "Les Peaux Sacrées" à l'Agence Française de Développement (AFD), Paris, 2008

Les peaux sacrées

 

Installation, écorces d'arbres, feuilles d'or, fil en métal,dimensions variées, exposition à Sablé-sur-Sarthe, 2009

 

 

Installation et détails des pièces, collage et peinture s/ l'écorcres d'arbres, dimensions variées, exposée à l'Université Paris 1 Sorbonne lors du Master, 2008